À Kamik, nous savons que le jeu libre à l’extérieur est extrêmement bénéfique pour les enfants. Nous avons toutefois l’impression que les enfants d’aujourd’hui passent à côté des petits plaisirs de jouer dehors, de faire des jeux simples et de vivre des aventures, ce que nous avons vécu pendant notre enfance. Nous voulons changer cela. C’est pourquoi nous avons discuté avec le Dr Peter Gray, professeur-chercheur en psychologie au Boston College, de l’importance du jeu à l’extérieur et de ce que nous pouvons faire pour le réintégrer dans la vie de nos enfants.
Pourquoi les enfants devraient-ils jouer dehors?
Le Dr Gray explique que les enfants gagnent en confiance et apprennent à résoudre des problèmes en jouant ‒ et ils ont plus d’occasions de le faire à l’extérieur. « Il y a de l’espace pour courir, des possibilités d’aventure. Je pense que le jeu consiste entre autres à s’engager dans l’aventure, à se perdre... À explorer des endroits étranges et un peu dangereux, et à vivre toute l’excitation qui vient avec.
Le plein air est également un terrain de jeu idéal : « Tu peux grimper aux arbres. Quand tu sors dehors, il y a plein de choses pour jouer. Tu n’as pas à craindre de les casser. Tu n’as pas à craindre de salir le tapis.
Les jeux à l’extérieur non supervisés sont-ils vraiment plus bénéfiques pour les enfants?
Les adultes causent souvent de l’interférence dans l’action du jeu, particulièrement dans notre culture, explique le Dr Gray. Dehors, [les enfants] peuvent plus ou moins s’éloigner des adultes. Malheureusement, nous ne donnons pas beaucoup d’occasions aux enfants de le faire. Nous n’autorisons pas les enfants à sortir en l’absence d’un adulte qui supervise.
Le Dr Gray fait état de recherches qui comparent le comportement d’enfants du même groupe d’âge jouant dans des parcs – certains sous la surveillance d’adultes, d’autres de façon indépendante, loin des adultes. « Quand les enfants jouent seuls, ils sont plus vigoureux et font plus d’exercice. Ils prennent des risques et apprennent plus facilement à être courageux. Ils montrent plus de créativité qu’en présence d’un adulte. Ainsi, l’adulte limite le jeu. Même s’il s’agit d’une personne exceptionnelle.
Comment favoriser le jeu libre à l’extérieur?
Nous devons créer un contexte de jeu supervisé, où l’adulte agit expressément comme préposé au jeu, sans intervenir », explique le Dr Gray. Il est simplement là, un peu comme un sauveteur à la plage. » Un préposé au jeu ne dit pas aux enfants quoi faire et ne règle pas les petites querelles; il n’intervient qu’en cas de risque important. « Des préposés au jeu en Europe sont formés pour ça, et il y en a de plus en plus aux États-Unis.
Les terrains de jeux d’aventure remplacent les terrains traditionnels. Les enfants peuvent y construire et y façonner l’environnement à leur guise. Ils offrent également plus de possibilités pour des jeux insouciants. « Dans un vrai terrain de jeux d’aventure, les parents sont interdits. Cependant, un adulte est présent afin d’assurer que le terrain est sûr.
Quelles sont les initiatives en cours pour rétablir le jeu libre à l’extérieur?
EarthPLAY, une initiative actuelle du Jour de la Terre Canada vise à ramener le jeu autonome extérieur dans la vie des enfants en organisant des programmes et des événements dans les écoles, les quartiers et les parcs.
Aux États-Unis, le Dr Gray collabore avec Let Grow, une organisation qui s’attache à créer des « communautés d’enfants compétents », où les parents, le personnel scolaire, les professionnels de la santé, le gouvernement, la police et les habitants de la ville travaillent ensemble pour favoriser l’indépendance des enfants à l’extérieur.
Le club de jeu organisé par le district scolaire de Patchogue-Medford de Long Island, dans l’État de New York, est également couronné de succès. Un matin par semaine, des élèves de tous niveaux se rencontrent pour une heure de jeu libre avant le début des cours. Bien que les enfants soient surveillés par des professeurs et d’autres membres du personnel, les adultes n’interviennent pas. Le Dr Gray a eu la chance d’observer une séance en personne. « Il y avait 150 enfants, de la maternelle à la cinquième année, jouant tous ensemble à l’extérieur. Il pleuvait un peu et il y avait des flaques d’eau. Ils pouvaient aller où ils voulaient. Ils pouvaient aller à l’extérieur, dans le gymnase ou dans une salle avec du matériel d’artiste... Ils couraient dans les couloirs. J’étais ravi de voir que personne ne les en empêchait.
Le Dr Gray cite également l’exemple de Mike Lanza, auteur de Playborhood : Turn Your Neighborhood into a Place for Play. Lanza et sa famille ont transformé la cour avant de leur maison de Menlo Park (Californie) en aire de jeux pour les enfants du quartier : « Ils ont aménagé un bac à sable et une aire de jeux d’eau, puis ils ont converti l’entrée en terrain de basketball... Leur cour avant est donc devenue un parc de quartier. Les enfants ont appris à se connaître et les parents ont graduellement gagné en confiance à mesure que les enfants grandissaient. »
Bien sûr, tout le monde ne dispose pas d’une cour. Mais il y a d’autres options pour encourager le jeu libre dans le quartier. « Dans son livre, [Lanza] parle d’autres communautés... Dans un quartier de centre-ville, des mères ont pris ensemble des dispositions pour que la rue soit fermée à la circulation à certaines heures. Fait intéressant, elles ont demandé à ce que des grands-mères s’y assoient pour veiller à ce que tout soit sûr. Les solutions peuvent varier selon les communautés.
L’équipe de Kamik croit que les parents se sentiront interpellés par le message du Dr Gray. Nous pensons également qu’il est judicieux d’offrir des exemples de jeu libre en action pour convaincre plus de familles des divers bienfaits. Visitez Kamik.com en 2019 pour en savoir plus sur la prochaine tournée des parcs d’aventure Kamik #LibérezLeJeu. Entre-temps, inscrivez-vous au bulletin d’information du Kamik Club pour recevoir plus de conseils, de discussions et d’idées d’activités.
Cette entrevue a été revue et condensée.